femmes, au loisir et aux honneurs, et qui accuse l’ordre social parce qu’il ne donne pas satisfaction à ses fringales, est frère du symboliste qui réclame la vérité et honnit la science, parce que celle-ci ne lui présente pas celle-là sur un plat d’or. Tous deux révèlent la même inaptitude à saisir la réalité de l’univers et à comprendre qu’il n’est pas possible d’atteindre, sans travail physique, la fortune, et, sans effort intellectuel, la vérité. L’homme honnête qui arrache péniblement ses dons à la nature, le savant laborieux qui ouvre, à la sueur de son front, les sources de la connaissance, inspirent le respect et une chaude sympathie. On ne peut, au contraire, éprouver que du mépris pour les flâneurs mécontents qui attendent la richesse d’un numéro de loterie ou d’un oncle à héritage, et la connaissance d’une révélation qui doit venir les illuminer, sans un effort de leur côté, dans leur café habituel, au moment où ils sont en train de vider leur bock.
Les pauvres niais qui insultent la science lui reprochent aussi d’avoir détruit l’idéal et enlevé à la vie sa valeur. Ce reproche n’est pas moins stupide que l’imputation de banqueroute. 11 ne peut y avoir d’idéal plus haut que l’accroissement de la connaissance. Quelle légende des saints est aussi belle que la vie d’un savant qui passe son existence courbé sur un microscope, presque sans besoins physiques, connu et estimé de peu de gens, travaillant uniquement pour sa propre conscience, sans autre ambition que celle d’établir peut-être un seul nouveau petit fait qu’un successeur plus heureux utilisera pour une brillante synthèse, et enchâssera comme moellon dans un monument de la science de la nature ? Quel conte religieux a