Page:Nordmann - Einstein et l’univers, 1921.djvu/141

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
133
LA RELATIVITÉ GÉNÉRALISÉE.

coup plus par la pesanteur. Cette inflexion sera encore accrue par le fait que le Soleil a un million et demi de kilomètres de diamètre, et qu’un rayon lumineux a besoin de beaucoup plus de temps pour franchir cette distance que pour franchir le diamètre terrestre. L’action de la pesanteur sur ce rayon s’exerce donc pendant bien plus longtemps que sur un rayon rasant la Terre, et, pour cela aussi, elle l’incurvera davantage.

Soit un rayon lumineux provenant, par exemple, d’une étoile située très loin derrière le Soleil. S’il nous arrive après avoir rasé celui-ci, il se comportera comme un projectile. Sa trajectoire cesse d’être rectiligne, elle est légèrement courbée vers le Soleil. Autrement dit, ce rayon est dévié de la ligne droite, et la direction qu’il a lorsque nos yeux le reçoivent sur la Terre est un peu différente de la direction qu’il possédait en partant de l’étoile. Il a subi une déviation.

Le calcul montre que cette déviation, bien que faible encore, est mesurable. Elle est égale à un angle d’une seconde et trois quarts, angle que les méthodes précises des astronomes permettent de mesurer.

Ah ! ça n’est point qu’il soit bien grand cet angle, qu’on en juge : il faut juxtaposer 324 000 angles d’une seconde pour faire un angle droit. Autrement dit, un angle d’une seconde est celui sous lequel on verrait, a 206 kilomètres de distance, les deux extrémités d’un piquet d’un mètre fiché dans le sol. Si nos yeux étaient assez aigus pour voir un homme de taille normale debout à 200 kilomètres de l’endroit où nous nous tenons,