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MÉTAMORPHOSES DE L’ESPACE ET DU TEMPS.

La Terre circule autour du Soleil dans un véritable océan d’éther et avec une vitesse de translation d’environ 30 kilomètres par seconde. À cet égard la rotation de la Terre peut être négligée car elle imprime à la surface terrestre dans l’éther une vitesse inférieure à 2 kilomètres par seconde.

Depuis longtemps la question suivante s’est posée : la Terre entraîne-t-elle, dans son mouvement orbital autour du Soleil, l’éther qui est à son contact, de même qu’une éponge lancée d’une fenêtre emporte avec elle l’eau ont elle est imbibée ? L’expérience a montré, ou plutôt les expériences ont montré (elles sont variées et concordantes) que la question doit être résolue par la négative.

Cela a été établi d’abord par les observations astronomiques. Il existe en astronomie un phénomène bien connu, découvert par Bradley, et qu’on appelle l’aberration. Il consiste en ceci : lorsqu’on observe une étoile avec une lunette, l’image de l’étoile ne se forme pas exactement dans la direction de la visée. En voici la raison : pendant que les rayons lumineux de l’étoile, qui ont pénétré dans la lunette, parcourent celle-ci dans sa longueur, la lunette s’est légèrement déplacée, entraînée qu’elle est par le mouvement de la Terre. Au contraire, le rayon lumineux dans la lunette n’a pas participé à ce mouvement, ce qui cause précisément la petite déviation appelée aberration. Preuve que le milieu dans lequel se propage la lumière, l’éther qui remplit la lunette et entoure la Terre, ne participe pas au mouvement de celle-ci.