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LA SOLUTION D’EINSTEIN.

fantastique des follets shakespeariens (mettons à environ 260 000 kilomètres à la seconde… mais que ne peut un follet shakespearien !) trouverait que ses semblables sont devenus des nains deux fois plus petits que lui. C’est donc que lui-même serait devenu un géant, une sorte de Gulliver parmi ces Lilliputiens ? Eh bien ! pas du tout. Par un juste retour des choses d’ici-bas, il apparaîtrait lui aussi comme un nain à ceux qu’il croit plus petits que lui, et qui sont sûrs du contraire.

Qui a raison, qui a tort ? Les uns et les autres. Tous les points de vue sont exacts, mais il n’y a que des points de vue personnels.

Autre chose encore : un observateur, quel qu’il soit, ne peut voir les êtres et les objets non liés à lui que plus petits, — jamais plus grands ! — que ceux liés à son mouvement. Si j’osais alléger ce grave exposé par quelque réflexion moins austère qu’il n’est d’usage parmi les physiciens, je remarquerais que le système nouveau nous apporte ainsi une justification suprême de l’égoïsme ou plutôt de l’égocentrisme.

Après l’espace, le temps. Par un raisonnement analogue à celui qui nous a montré la distance des choses dans l’espace liée à leur vitesse relative à l’observateur, on peut établir que leur distance dans le temps en dépend également.

Je ne juge pas utile de refaire ici, par le menu, le raisonnement einsteinien pour les durées ; il serait analogue à celui qui nous a servi pour les longueurs, et encore plus simple. Le résultat est le suivant : le temps