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son, qu’il ne connaît que d’après Fauriel. L’imitation est facile à constater pour la première partie de la compilation italienne, mais nous ajouterons que, selon nous, elle n’a pas dû être imitée directement de l’Aiol en vers français, mais bien d’une version en prose française du xive siècle que nous ne connaissons pas, mais qui a dû exister et dont nous retrouvons des traces dans les quelques paroles françaises insérées dans le texte italien que l’auteur met dans la bouche du roi de France au moment du baptême de Lionida[1].

D’ailleurs, pour apprécier la question d’une façon compétente, M. del Prete n’a pas eu une connaissance suffisante de notre chanson : les quelques vers de Fauriel qu’il copie n’en peuvent donner qu’une idée absolument vague. Ce manque de connaissance de notre texte fait commettre à M. del Prete quelques erreurs, entre autres celles de dire (Préf., xxiii) que la compilation française ne parle

    squarcio, che non posso dispensarmi di chiamare licenzioso, manca parimente nella compilazione italiana » (Préf., xix). Que M. del Prete, qui a l’air de faire un reproche à notre poëme, relise seulement quelques passages de la compilation italienne, entre autres certain épisode qui se passe dans une abbaye (I, 12-3), et il verra que le même reproche, bien plus justement encore, pourrait être fait à l’Ajolfo italien.

  1. Ne sachant quel nom donner à Lionida, le roi de France, frappé de sa beauté, s’écrie (en français, dans le texte italien) : « Par Nostre Dame, par Nostre Dame, par Nostre Dame de Paris, je non vi oncques mais plus mirable dame. » Alors « per questa parola le fu posto nome Mirabildam, e cosi si mutò el nome di Lionida in Mirabildam ; benchè molti la chiamano Mirabella, ma guastano el nome » (Storia di Ajolfo... I, 139-40). Cet amour-propre d’auteur pour un mauvais jeu de mots est vraiment plaisant. Notre poëte français n’avait pas fait de changement de nom (cf. v. 8150).