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pas des fils ni des petits-fils d’Aiol, ce qui rend vraisemblable que pour la partie où il est parlé de ces fils, l’histoire est de l’invention d’Andrea. Pour les petits-fils, cela est vrai, mais non pour les fils : ils sont bel et bien mentionnés dans notre roman, se nomment Tumas et Manesier, et jouent dans la dernière partie de la chanson un rôle assez important[1].

Maintenant quelle est la valeur littéraire de cette compilation italienne ? Est-elle, sous ce rapport, inférieure ou supérieure à notre poëme ? La comparaison n’est pas possible. Rien n’est pire qu’une mauvaise imitation, et c’est ici le cas. La noble figure de l’Aiol français s’est effacée pour laisser la place à un chevalier amoureux et galant ; la sauvage Mirabel est devenue la fade Lionida, qui par l’entremise de son nain Farlet envoie des missives à Ajolfo et tient parfois avec lui un langage précieux, faisant pressentir déjà le règne des concetti. La figure d’Élie se détache seule vigoureusement sur ce fond décoloré : son caractère a de la noblesse et ne s’éloigne pas trop de l’original français. En un mot, comme de beaucoup d’autres romans, on peut dire à juste titre de l’Aiol qu’en passant par les mains italiennes, il en est sorti, non pas imité, mais travesti.

Un autre poëme italien, en ottava rima, dont M. P. Meyer a bien voulu pour nous prendre connaissance au Musée

  1. Il nous semble aussi que M. del Prete a commis une légère inexactitude à propos d’Alberic de Trois-Fontaines. Il dit (Préf., xiii) que ce chroniqueur n’avait qu’une connaissance fort imparfaite d’événements passés depuis longtemps à l’époque où il écrivait, au xiie siècle ; ce fait n’est pas exact, car Alberic écrivait au xiiie, et non au xiie siècle.