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Page:Normand - Soleils d’Hiver, 1897.djvu/155

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— « Ma sœur ! ma sœur ! comme je souffre ! »
A douloureusement gémi
Une rose d’un jaune soufre
Qui déjà se pâme à demi.

— « Ma sœur ! ma sœur ! j’ai froid dans l’âme !
Mon dernier moment est venu… »
Dit une autre, rouge de flamme,
Dont le pauvre cœur est à nu.

— « Dans le vallon où je suis née
Que n’ai-je pu mourir aussi !
Dit une rose safranée.
La mort m’eût été sans souci !

« Sans révolte, à mon tour flétrie,
Victime du sort à mon tour,
À la terre qui m’a nourrie
J’aurais été rendue un jour… »

Une candide rose blanche,
Dit : — « Moi, je rêvais d’un trépas
Plus doux… Par quelque clair dimanche,
Dans l’humble église de là-bas,

« Sur l’autel que la croix protège
Je rêvais, parmi les encens,
De m’effeuiller en pleurs de neige
Le long des cierges jaunissants… »