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Page:Normand - Soleils d’Hiver, 1897.djvu/156

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Une rose d’un rose tendre
Dit : — « Moi, j’avais pour idéal
De mourir — faut-il m’en défendre ? —
Sur le sein d’une femme, au bal,

« Sur le sein d’une femme blonde,
Près, tout près des clairs diamants
Qui caressent sa gorge ronde
De lumineux frémissements ! »

Une voix murmura, plus sombre,
Et comme lasse de l’effort :
— « Moi, j’avais rêvé d’être au nombre
De celles qu’on offre à la mort ;

« De celles qu’on dépose en gerbes
Sur les cercueils épais et lourds,
Et qui de leurs blancheurs superbes
Illuminent les noirs velours.

« Nobles fleurs, dont la grâce pure
Associe, aux pieds des autels,
L’éternité de la nature
Aux deuils passagers des mortels ! »

Ainsi, d’une voix chagrinée,
Les pauvres roses, humblement,
Se plaignaient de la destinée
Que leur fit un ciel inclément…