Page:Normand - Soleils d’Hiver, 1897.djvu/174

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Que j’avais dans les yeux, dans le front, dans le cou,
Des je ne sais trop quoi… venus je ne sais d’où…
Et le traître, joignant l’action aux paroles,
Ponctuait de baisers ses tendres barcarolles…
Est-ce l’étrange effet du Cliquot trop aimé ?…
Ou mon noble seigneur s’est-il mieux exprimé ?
A-t-il su découvrir, pour me « peindre sa flamme »,
Des mots plus éloquents allant plus droit à l’âme ?
Je ne sais… Cependant il me semble, aujourd’hui,
Que depuis hier soir je suis bien mieux à lui.

L’aimer plus ?… Oh ! non pas !… Ce serait impossible…
Mais l’aimer autrement, d’un amour plus sensible,
D’un amour… plus amour, enfin, et plus humain,
Comme on ne doit jamais s’aimer le lendemain
Du mariage, alors que l’enfant innocente
En sa métamorphose absolue et récente,
Écoute sans comprendre, hésite longuement
Et du baiser reçu n’a que l’étonnement…

Non, je l’aime à présent de toute ma tendresse…
S’il n’était mon mari, je serais sa maîtresse !
Qu’ai-je écrit !… Cher journal, tu ne vis rien de tel…

Nous ferons réveillon encore… après Noël !