Page:Normand - Soleils d’Hiver, 1897.djvu/59

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’ESCADRE



Droits, silencieux, graves, immobiles,
Chauffant au soleil leurs flancs ramassés,
Semés sur la mer comme un groupe d’îles,
Les voilà là-bas, les grands cuirassés.

Les voilà, les grands cuirassés de France !
Près d’eux, tel qu’un vol d’oiseaux batailleurs,
Essayant leur course en pleine assurance,
Passe un escadron de fins torpilleurs.

Les monstres altiers, dont la coque noire
Dresse puissamment ses remparts de fer,
Semblent regarder, du haut de leur gloire,
Ces minces bateaux, jouets de la mer.

Fiers de leurs canons montrant aux tourelles
Leurs longs cous tendus pour vomir la mort,
Ils n’ont que mépris pour ces barques frêles
Qu’un coup d’éperon broierait sans effort.