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Page:Notice historique sur les ouvrages et la vie de Cuvier.djvu/104

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semaines lui suffirent pour faire au premier volume de cet ouvrage toutes les additions qui devaient les mettre au courant de la science ; mais ce travail, qui a été sa dernière pensée, paraît avoir épuisé ses forces, parce qu’il s’y est peut-être livré avec trop de suite, au moment où le choléra lui faisait craindre de sortir le soir et d’aller chercher, dans la société, les délassemens nécessaires aux travaux de la journée.

Le Mardi 8 Mai il avait repris son cours au collège de France. Sa leçon, ainsi que nous l’avons déjà exprimé, avait été sublime ; il en avait été moins fatigué que de coutume, et rien ne pouvait faire prévoir, ce jour-là, la catastrophe qui devait commencer le lendemain. Il ressentit, en s’éveillant, un peu d’engourdissement dans le bras droit ; ce qui ne l’empêcha pas d’aller au Conseil d’État, remplir, comme tous les jours de sa vie, la tâche de la journée. À l’heure du dîner, cet engourdissement du bras avait beaucoup augmenté ; en même temps il se manifesta une difficulté d’avaler, qui lui fit penseri aussitôt au danger qui le menaçait.

Au bout de peu de jours, la paralysie du bras et du pharynx gagna successivement les autres membres et s’étendit enfin aux organes de la respiration, et le dimanche 13 Mai, à dix heures moins un quart du soir, ce grand homme rendit, sans effort, le dernier soupir, après avoir conservé jusqu’au moment suprême toutes les facultés de son esprit et de son cœur, après avoir vu s’approcher l’heure fatale avec calme et une entière résignation aux décrets de la Providence, dont il avait toute sa vie reconnu, adoré la sagesse dans les œuvres de la création (s).

Ce n’est pas ici le lieu de parler des déchiremens d’une