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nombre d’élèves de faibles connaissances dans la lecture et dans l’écriture.

Ces écoles n’avaient aucuns surveillans généraux. La plupart étaient nées de spéculations privées, etc… De tous ces inconvéniens résultait que la jeunesse croupissait dans l’ignorance et les mauvaises mœurs.

Les premières améliorations et le modèle d’après lequel on les a étendues, furent le produit des efforts d’une Société de bienfaisance, dite la Société du bien public, qui dut elle-même sa formation au zèle d’un individu pieux et humain, Jean Nieuven-Huysen, ministre mennonite à Monikendam dans la Nord-Hollande.

Il commença vers 1784 à s’associer quelques amis : ceux-ci en attirèrent d’autres. L’utilité de la chose, une fois connue, multiplia le nombre des membres, au point que dès 1785 on fut obligé de diviser l’association suivant les cantons. L’on donna à ces divisions le nom de départemens. Chacune d’elles eut son administration distincte. Cette Société, ajoute le Rapport, a joui d’une prospérité toujours croissante ; elle s’étendait jusqu’au cap de Bonne-Espérance, et l’on y comptait, en 1809, plus de sept mille membres.

Il faut lire dans ce Rapport l’extrême sagesse du but de cette Société et des moyens qu’elle a employés pour l’atteindre, en cherchant à donner dans les écoles qu’elle créait, dont elle faisait les frais d’établissement, des modèles toujours plus parfaits d’enseignement et d’éducation physique, intellectuelle, morale et religieuse, et en publiant les ouvrages élémentaires les plus propres à cet enseignement.

L’effet de cette Société du bien public, des efforts bien coordonnés de tant de gens de bien pour l’amélioration du peuple par l’éducation, toujours puissamment secondés par les divers gouvernemens de ce pays, fut miraculeux. Si nous insistons sur ce point, c’est pour donner un grand exemple, d’un côté, des inconvéniens de l’isolement, de l’abandon aux volontés individuelles des particuliers ou méme des communes, d’une affaire aussi importante pour la société que l’éducation ; de l’autre, des avantages immenses d’une puissance centralisée, dont les forces, régulièrement distribuées sur tous les points de sa sphère d’action, dans la proportion des besoins, y produisent en peu d’années une régénération universelle de tout un peuple.