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Nous venons de voir dans quel triste état était l’instruction primaire dans la république fédérative des sept provinces unies, avant l’association pour le bien public, qui a produit ici l’effet d’un pouvoir central.

Voici comment les auteurs du Rapport peignent l’état prospère de cette instruction, au moment où ils venaient de l’observer.[1]

« Nous aurions peine à rendre l’effet qu’a produit sur nous la première école primaire où nous sommes entrés en Hollande. C’était précisément une de celles que la charité publique entretient pour les enfans des familles les plus indigentes, pour ceux qui, en tant d’autres pays, seraient réduits à traîner leur misère sur les grands chemins, pour y faire le métier de mendians, en attendant qu’ils aient la force de faire celui de voleurs.

« Deux salles vastes, claires, bien aérées, y contenaient trois cents de ces enfans, tous proprement tenus, se plaçant tous sans désordre, sans bruit, sans impolitesse, faisant à des signes convenus tout ce qui leur était commandé, sans que le maître eût besoin de dire une parole. Non-seulement ils apprennent par des méthodes sûres et promptes à lire couramment, à écrire d’une belle main et avec une entière correction, à faire de tête et par écrit tous les calculs nécessaires dans la vie commune ; enfin, à rendre nettement leurs pensées dans de petits écrits : mais les livres qu’on leur donne, les morceaux qu’on leur fait copier, sont si bien gradués, ils se succèdent dans un ordre si bien calculé ; les préceptes et les exemples y sont mêlés avec tant d’art, que ces enfans se pénètrent en même temps des vérités de la religion, des préceptes de la morale et de toutes les connaissances qui peuvent leur être utiles ou les consoler dans leur malheureuse condition. On s’assure par des questions fréquentes, et en les excitant même à proposer leurs difficultés, que rien de ce qu’on leur fait lire n’est perdu pour leur intelligence. Enfin, des prières et des hymnes chantés en commun, composés exprès pour eux et respirant tous le sentiment du devoir ou celui de la reconnaissance, donnent du charme à cette institution, en même temps qu’ils lui impriment un caractère religieux et tendre, propre à en faire durer les effets. Un maître et deux aides, qu’on prendrait eux-mêmes


  1. Page 9 et suivantes. Première partie : Écoles primaires.