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pour des écoliers, gouvernent ce grand nombre d’enfans, sans cris, sans invectives, sans aucune punition corporelle ; mais en les intéressant toujours et en les tenant sans cesse en haleine.

« La première vue de cette école nous avait causé une surprise agréable. Lorsque nous fûmes entrés dans tous ces détails, nous ne pûmes nous défendre d’une véritable émotion, en songeant à ce que ces enfans, abandonnés à eux-mêmes, seraient devenus, et à ce qu’ils étaient ; mais, nous disions-nous, c’est peut-être ici un exemple unique, le produit des efforts d’une ville riche ou du zèle de quelques citoyens d’une générosité extraordinaire.

« On nous prévint qu’à mesure que nous parcourrions le pays, nous reviendrions de cette erreur ; et, en effet, nous avons trouvé partout les écoles primaires sur le même pied, si l’on excepte celles où de trop vieux maîtres n’ont pu encore se dégager de leurs anciennes routines. »

Le Rapport[1] sur la Basse-Allemagne est précédé de considérations sur l’esprit qui dirige, en Allemagne, l’éducation publique, et qui tient lui-même aux mœurs et au naturel de la nation allemande.

Je les rapporterai dans toute leur teneur, comme portant le cachet du style et des pensées de M. Cuvier, comme une preuve de la connaissance profonde qu’il avait de cette nation si estimable, du grand cas qu’il en faisait, et en même temps de l’excellent esprit de sagesse et d’indépendance qu’il mettait dans ses travaux administratifs ; travaux consciencieux s’il en fût jamais, dans lesquels la vérité n’était jamais dissimulée, même lorsqu’elle ne flattait pas les plans du monarque tout-puissant, qui se croyait appelé à régénérer le monde et qui avait pour principe que toutes les institutions de son grand empire devaient être semblables comme les poids et mesures, malgré les degrés différens de civi-


  1. Rapport sur l’instruction publique dans les nouveaux départemens de la Basse-Allemagne, fait en exécution du décret impérial du 13 Décembre 1810, par M. Cuvier, Conseiller titulaire, et par M. Noël, Conseiller ordinaire et Inspecteur général de l’Université impériale, in-4.°, de 116 pages. Fain, imprimeur de l’Université impériale, Novembre 1811.
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