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Page:Notice historique sur les ouvrages et la vie de Cuvier.djvu/152

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enseigne, il regardera l’enseignement comme étranglé et insuffisant.

« La médecine même, dont l’étude se ressemble davantage dans tous les pays, parce que son objet n’a rien qui dépende de la volonté humaine, s’enseigne cependant en Allemagne d’une manière plus étendue. On y remonte toujours, non-seulement à la physiologie de l’homme, mais à tout ce qu’il y a de plus général et de plus abstrait dans les lois de l’économie animale. Mais c’est surtout dans les études préliminaires et philosophiques que se fait remarquer cette tendance des Allemands vers les généralités. Ils veulent d’abord posséder les langues, comme moyens de s’instruire ; et, se souciant peu d’écrire élégamment en latin, ils aiment mieux employer le temps qu’il leur faudrait pour acquérir cette facilité à se procurer l’intelligence de quelques autres langues, et l’on peut dire qu’il n’est pas d’Allemand instruit qui ne lise les auteurs français, italiens et anglais, aussi bien que les auteurs latins ; ils veulent connaître les nations étrangères et l’histoire de l’univers ; ils veulent approfondir toutes les spéculations abstraites des métaphysiciens sur l’origine et la certitude de nos connaissances, et un nouveau système de métaphysique intéresse toute la nation. Leurs journaux mêmes sont dirigés dans cet esprit, et il en existe dix ou douze qui paraissent tous les jours, et que l’on continue depuis un grand nombre d’années, uniquement pour l’analyse des ouvrages sérieux, et sans y dire un mot des nouvelles du jour ni des spectacles.

« Il est clair qu’il doit résulter de cette méthode plus de variété que de profondeur ; que le jeune homme, en quittant l’Université, doit se trouver, jusqu’à un certain point, propre à se livrer à tout ; mais qu’il lui faudra encore un grand travail pour être apte à exercer quelque chose en particulier. Mais c’est précisément là ce que les Allemands estiment ; ils aiment cette grande masse de lumières, répandue dans leur nation, et pensent que celui dont l’esprit a été ainsi éclairé, se procure avec une grande facilité les connaissances de détail nécessaires à une profession spéciale ; et, comme la multiplication des souverainetés donne presque à tout le monde la possibilité d’arriver aux postes supérieurs du gouvernement, ils trouvent dans cette étendue de l’instruction l’avantage précieux de donner