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un grand nombre d’espèces perdues, dont les analogues n’existent plus en vie, et même appartiennent à des genres plus ou moins étrangers à la création actuelle.

Chaque fois qu’il venait de lire un nouveau mémoire à l’Institut sur une récente détermination de ces curieux ossemens d’un autre monde, il trouvait des collègues incrédules, qui, ne connaissant pas les lois de l’organisation, la coexistence nécessaire de certaines formes, ne comprenaient pas qu’il fût possible de rétablir un animal avec des fragmens d’os épars dans les couches d’un même terrain. Peu de jours après une séance dans laquelle on lui avait plus particulièrement adressé cette objection, il eut la satisfaction de recevoir un squelette entier de ce méme animal qu’il avait refait avec des débris, et de pouvoir démontrer, dans la nature, l’être que la science avait si bien restauré.[1]

Avant de prévoir qu’il trouverait l’occasion de publier ses découvertes successives au moyen des Annales du Muséum, dans un moment où les frais des planches nécessaires auraient été trop forts pour ses


  1. Il m’écrivait à ce sujet, en Novembre 1806 (Lettre n.° 14) :

    « Votre livre * … a été analysé avec beaucoup d’éloge par les journaux d’Angleterre et d’Allemagne. Mes pauvres yeux deviennent douloureux ; je ne pourrai probablement pas continuer l’anatomie des animaux invertébrés, et je n’irai pas plus loin que les mollusques. J’ai plus de succès dans les fossiles. On vient de m’apporter un squelette presque entier d’anoplothérium’, tiré de Montmartre, et long de près de cinq pieds. Toutes mes conjectures se trouvent vérifiées, et j’apprends de plus que l’animal avait la queue aussi longue et aussi grosse que le kanguroo ; ce qui complète ses singularités. » * Les trois derniers volumes des Leçons d’anatomie comparée, publiés en 1805.