Page:Nouveau - Valentines et autres vers, 1921.djvu/229

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Mais quand nous vous tenons, Cœurs trop pleins de silences,
Nous ne savons, pleurant à vos torts expiés,
Que faire du tissu de vos obédiences
Un tapis pour la plante exquise de nos pieds

Aussi trop tôt, mon Dieu ! redoutant quelque fraude,
Comme un chien, autour des pacages timorés,
Notre âme tristement s’en va tourner et rôde
À la porte par où vous nous êtes entrés.

Bien qu’offrant à vos nuits ce qu’il faut à ces luttes
Où s’exerce le cœur irritable, âcreté
Des Baisers, et soupirs rieurs comme des flûtes,
Et ventre glorieux de sa stérilité,

Nous vous perdons, malgré nos deux mains maternelles,
Mais vous n’emportez pas, pour vos futurs exils,
L’orgueil d’avoir teint nos fécondes prunelles
Et bu notre âme humide aux pointes de nos cils.

Donc, homme, errant de créature en créature,
Tu viens et tu t’en vas, sans comprendre beaucoup
Tout ce que nous mettons de céleste imposture
À te sourire avec deux longs bras à ton cou.

Du reste nous savons l’oubli des Récompenses
Et que l’Amour au fond n’est qu’un divin Ennui.
Puis notre cœur est plus plein que tu ne le penses,
Car une fois au point dans la première nuit,