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Page:Nouveau manuel complet du boulanger du négociant en grains du meunier et du constructeur de moulins.djvu/40

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PREMIÈRE PARTIE.

mites, les restes des stigmates ; leur enveloppe est finement ridée, très-mince et d’un gris obscur. Le grain, au lieu de friser, offre une poudre d’un brun noirâtre, insipide, d’une odeur fétide, grasse au toucher, et offrant, au microscope, des globules semi-transparents, et ayant environ un centième de millimètre (un deux centième de ligne). Le blé carié est plus léger que l’eau. Voici les signes auxquels on reconnaît les pieds de blé qui doivent être cariés : les feuilles sont d’abord d’un vert plus foncé que celui des autres pieds ; les tiges sont ternes, les étamines sont flasques, les stigmates sans barbes, et l’embryon a l’odeur de la carie. Les épis bien développés sont bleuâtres, leurs balles sont plus serrées, et les anthères, collées contre le germe, sont flasques et sans pollen. Si l’on suit ces épis dans les progrès de leur végétation, on remarque qu’ils deviennent plus larges, s’ébouriffent, le grain grossit, et la matière pulpeuse du gris cendré passe au brun, en répandant l’odeur qui caractérise cette dégénérescence. Il est bon de faire observer que les épis sains sont moins chargés de grains que les cariés. » On trouve fréquemment, ajoute Tessier, des épis sains sur des pieds qui en offrent de viciés ; des grains sains mêlés avec des cariés dans le même épi ; enfin, quelquefois, des grains à moitié sains et à moitié cariés. Ces derniers, lorsque le germe est resté intact, lèvent comme les sains et ne donnent point de reproductions cariées, d’après les observations de B. Prévost.

On a longtemps regardé la carie comme étant due aux brouillards, à la nature du sol, ou à la qualité des grains[1]. Tillet et Tessier ont constaté cette erreur, et B. Prévost a démontré qu’elle reconnaissait pour cause des plantes que de Candolle a nommées vraies parasites et parasites intestines, parce qu’elles vivent dans l’intérieur des plantes et à leurs dépens. Les globules qui composent la poussière noirâtre qui, dans la carie, remplace la farine, sont, d’après les travaux de ces habiles botanistes, des champignons parvenus à moitié de leur croissance, et qui ont besoin de se trouver dans d’autres circonstances pour prendre leur entier développement et pouvoir se propager. Ces champignons doivent appartenir au genre uredo. B. Prévost et de Candolle ont donné chacun une théorie du développement de la carie. Nous nous contenterons d’exposer celle de de Candole, qui nous a paru la plus probable.

  1. Ce qui a donné lieu à cette erreur, c’est que la carie et le charbon se développent plus souvent et exercent le plus leurs ravages dans les sols humides et dans les années pluvieuses.