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Page:Nouveau manuel complet du boulanger du négociant en grains du meunier et du constructeur de moulins.djvu/41

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MALADIES DES BLÉS.

« Les grains de blé livrés à la terre sont empreints de globules de carie. Ces grains se gonflent d’autant plus vite que la température est plus élevée, la terre plus humide, et qu’ils sont moins enfoncés dans la terre. La carie se gonfle en même temps, pousse son tubercule, ses rameaux, achève enfin son évolution en peu de jours[1], c’est-à-dire avant que le grain ait été complètement privé par la radicule des sucs nutritifs qu’il est destiné à leur fournir. Alors, les bourgeons séminiformes, qui ont enfilé les canaux des rameaux ou des branches, et dont la petitesse est extrême, s’élèvent dans la pantule avec la lenteur convenable au but de la nature, et se développent chacun séparément lorsqu’ils sont arrivés au germe, seul endroit où la nature a réuni les circonstances nécessaires à leur multiplication. La nourriture destinée à la formation de la substance du grain est absorbée par eux, ainsi qu’une partie de celles qui doit faire croître les étamines et le pistil qui, en conséquence, ne se développent qu’imparfaitement ; mais, chose singulière, celle qui sert à l’accroissement de l’écorce du grain et des balles qui l’entourent n’est point diminuée ; au contraire, elle est augmentée. Tous les germes des épis cariés grossissent donc par l’effet même de la carie, tandis qu’il en est toujours plusieurs, dans les épis sains, qui avortent. De là vient que les grains des premiers sont généralement plus nombreux que ceux des seconds. Dans tout le cours de la vie d’un pied de blé, attaqué de carie, cette carie agit sur toutes ses parties d’une manière sensible à l’œil ; elle en abrège l’évolution ; de plus, elle cause un retard dans la germination des grains, et accélère la dessiccation de la tige. »

D’après les recherches précitées, presque tous les agronomes instruits, ainsi que les physiciens qui se livrent à des études sur la végétation, s’accordent à dire que la carie ne peut se reproduire que par elle-même. Il en est cependant d’autres qui, d’après des expériences bien constatées, persistent à soutenir qu’elle peut naître spontanément, et ensuite se propager. Il n’est pas difficile, dit Tessier, d’expliquer la cause de leur erreur. Suivant lui, les bourgeons séminiformes de la carie peuvent, d’une part, être emportés par le vent à des distances inconnues, à raison de leur légèreté ; et, de l’autre, se conserver intacts dans la terre pendant un temps indéterminé. De là vient qu’on en voit paraître dans des contrées où elle ne s’était pas montrée, ou dans des champs où l’on avait semé du blé bien chaulé. Nous ne poursuivrons point la série des travaux entrepris sur la carie par Tillet

  1. Ces faits ont été évidemment constatés par B. Prévost.