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Page:Nouveau manuel complet du boulanger du négociant en grains du meunier et du constructeur de moulins.djvu/42

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PREMIÈRE PARTIE.

Parmentier, Tessier, B. Prévost, de Candolle, Bosc, etc. ; nous nous bornerons à dire que la carie est une maladie contagieuse, qui exerce d’autant plus ses ravages, que ses germes sont plus multipliés ; que la température de l’air est élevée, la terre plus humide, et l’année beaucoup plus pluvieuse. Tillet a constaté que la perte que devaient éprouver les agriculteurs par ce fléau, pouvait s’élever jusqu’aux trois quarts de leur récolte ; il est cependant rare qu’elle s’élève au tiers, et même au quart. Tessier s’est convaincu qu’il suffit de 62 grammes de globules de carie pour infecter de 15 à 20 kilogrammes de blé nouveau. Bosc ajoute : 1° que plus la carie est vieille, et moins elle a d’action sur le blé, soit vieux, soit nouveau ; 2° que plus le blé est vieux, et moins la carie, nouvelle ou vieille, l’infecte facilement ou abondamment.

À ces faits, nous devons en joindre deux autres très-curieux : le premier, c’est que si l’on saupoudre, à différentes époques, avec de la carie, des épis de blé formés, il ne se produit pas de carie dans les grains ; le second, c’est que si l’on met en contact du blé sain avec l’huile épaisse que l’on obtient par la distillation de la carie, ce blé semé produit plus d’un tiers d’épis cariés. Ce fait est bien difficile à expliquer, à moins que d’admettre qu’il passe à la distillation de la carie non altérée, qui est entraînée par l’huile.

Suivant les remarques des plus habiles agronomes, et particulièrement celles de Bosc, il résulte :

  1. Que les blés du Nord sont beaucoup plus facilement atteints de cette maladie que ceux du Midi.
  2. Que les blés durs, ou blés d’Afrique, n’en sont point naturellement atteints, et qu’ils n’y sont exposés que par une sorte d’inoculation.
  3. Qu’il en est de même des blés barbus, qu’ils soient durs ou tendres , excepté le barbu à épis blancs ou roux et à barbes divergentes, qui y est très-sujet.
  4. Les épeautres en sont quelquefois perdus.
  5. Lorsque le printemps et l’automne ont été peu pluvieux, les blés en sont moins infectés.
  6. Les terrains secs et aérés en offrent bien moins.
  7. Dans certains cantons, elle est inconnue[1].
  8. Le seigle, l’orge et l’avoine ne sont pas atteints de carie : Tillet n’a pu même parvenir à la leur inoculer.
  9. L’ivraie peut en être atteinte.
  1. Dans le midi de la France, on éprouve peu les rampes de la carie, surtout dans le département de l’Aude, de l’Hérault et des Pyrénées-Orientales. Dans le canton de Narbonne, dont le terrain est très-sec, elle est presque inconnue.