Aller au contenu

Page:Nouvelle revue germanique, tome 14, 1833.djvu/356

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
354
PENSÉES TRADUITES

nière vraie, mais belle et ravissante. Avec de l’étude on parvient aussi à comprendre le langage de la figure. La physionomie la plus parfaite doit être tout-à-fait claire et compréhensible.


Quelque étrange qu’elle puisse paraître, c’est cependant une vérité incontestable que la mélodie du style, la forme extérieure, sont les premières choses qui nous fassent goûter la lecture d’un livre et nous y attachent. Wilhelm Meister est un exemple de cette magie de composition, de cette courtisanerie de langue qui se fait si polie, si souple, si complaisante, si simple et pourtant si variée. L’écrivain qui possède une telle douceur de style, peut nous raconter les choses les plus insignifiantes, et nous nous laisserons attirer par lui.


Gœthe est un poète entièrement pratique, et ses ouvrages sont, comme les marchandises des Anglais, très-simples, bien polis, commodes et durables : il a fait dans la littérature allemande ce que Wedgewood a fait pour l’art en Angleterre ; il a, comme les Anglais, un esprit naturellement économe et un goût ennobli par le jugement. Dans ses études physiques on voit que son penchant le porte bien plutôt à prendre un sujet assez insignifiant, qu’il polit et perfectionne, que de commencer un ouvrage que l’on sent d’avance ne pouvoir jamais complètement finir.

Les œuvres de Klopstock semblent être en grande partie des traductions d’un poète inconnu, faites par un philologue plein de talent, mais sans poésie.

Le monde des livres n’est dans le fait que la caricature du monde réel. Tous deux sortent de la même source ; mais le premier a les couleurs plus claires, les teintes transitoires moins adoucies, les mouvemens plus vifs, les contours plus