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PENSÉES TRADUITES

abondance de force, avec un défaut de proportions ; l’ordre indique de belles proportions, mais un manque de moyens. De là, l’esprit confus est progressif et perfectible, et l’autre devient de bonne heure philister.


Plus on est ignorant de sa nature, plus on a de capacité pour apprendre. Chaque nouvelle connaissance fait une vive et profonde impression ; on le remarque clairement aux premiers pas que l’on fait dans la science. En étudiant beaucoup on perd de cette capacité, et l’on tombe dans une autre ignorance tout opposée à la première : l’une vient de ce qu’on ne sait rien, l’autre de ce qu’on sait trop, et celle-ci engendre le scepticisme.


Une association de toutes les connaissances, une république scientifique, voilà le grand but des savans.


On comprend ordinairement mieux l’artistique que le naturel.


La métaphysique et l’astronomie sont deux sciences analogues : le soleil est en astronomie ce que Dieu est en métaphysique ; la liberté et l’immortalité sont la lumière et la chaleur. Dieu, la liberté, l’immortalité, deviendront un jour les bases de la physique religieuse, comme le soleil, la lumière et la chaleur sont celles de la physique terrestre.


Chaque science a son Dieu, qui est en même temps son but. Ainsi la mécanique vit, à proprement parler, du perpetuo mobile, et cherche en même temps, comme son plus haut problème à construire, un perpetuum mobile : ainsi la chimie a la pierre philosophale ; la philosophie cherche un principe primitif et unique ; les mathématiques veulent avoir la quadrature de cercle ; l’homme cherche Dieu ; le médecin vou-