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Page:Nouvelles soirées canadiennes, juil & août 1883.djvu/58

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nouvelles soirées canadiennes

17 mai. — Chose triste à penser ! La flamme est si belle ! elle éclaire, elle réchauffe, elle nourrit, elle réjouit. Ardente et pure elle tend toujours à s’élever.

Mon Dieu ! ne la laissez pas s’éteindre dans mon âme avant d’avoir brûlé.


20 mai. — D’aussi loin que je me rappelle, je retrouve le même intérieur froid et troublé. J’en ai toujours souffert, mais il y a des peines qui vont s’aggravant.

Oh ! quelle âcre et corrosive tristesse certaines larmes déposent au plus profond du cœur. Quelle pénétrante, quelle dangereuse amertume elles répandent sur la vie entière.

On dit que le danger est partout. Soit. Mais les saines joies du cœur ne sont-elles pas un peu comme les feuilles qui purifient l’air de bien des poisons ?

Au moins cela me paraît ainsi et je redoute l’avenir qui m’attend.

S’il est des douleurs qui fortifient l’âme, qui l’enrichissent, n’en est-il pas d’autres qui la flétrissent et la dessèchent ?


21 mai. — On plaint les malheurs éclatants, on s’intéresse à ce qu’on appelle les grandes douleurs. Oh ! combien les souffrances misérables me sem-