Page:Novalis - Les Disciples à Saïs, 1914, trad. Maeterlinck.djvu/50

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
xlvi
INTRODUCTION

qu’il n’eut pas le temps d’achever est l’effort le plus continu et le plus considérable de notre auteur ; mais on n’y trouvera pas l’audace étonnante et heureuse des Fragments. L’artiste dans Ofterdingen lutte contre le penseur et leurs forces s’annulent par moments dans cette lutte. C’est une œuvre monochrome, claire, froide, belle et noble. Mais la pure essence du génie de Novalis y parait moins qu’ailleurs. Il y règne cependant d’un bout à l’autre, cette merveilleuse clarté cristalline qui lui est propre et qui se manifeste spécialement dans ce livre, qu’on dirait écrit par un ange descendu d’un paradis de neiges et de glaces.

Nous avons ensuite les Hymnes à la Nuit. C’est une brève série de poèmes en prose et en vers écrits peu de temps après la mort de sa fiancée. Novalis regardait ces poèmes comme la partie la plus parfaite de son œuvre. « Ils sont, dit Carlyle, d’un caractère étrange, voilé et presque énigmatique. Cependant, examinés plus profondément, ils ne sont nullement dénués de véritable valeur poétique. Il y a là une étendue, une immensité d’idée ; une solennité tranquille règne en eux, une solitude qui est presque celle de quelque monde éteint. Çà et là aussi un rayon de lumière nous visite dans la profondeur vide ; et nous jetons un regard clair et émer-