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ces nymphes dénudées ? Les vents coulis d'hiver auraient vite eu raison d'une robe de linon ou d'une friponne tunique au lever de l'aurore si une suralimentation ne les eut préservées. (0. Uzanne.)

L'époque du Directoire fut l'époque de la grande vogue pour les seins postiches, toutes les femmes voulant et devant être décolletées, mais toutes n'ayant pas de quoi meubler leur corsage.

Cette mode, du reste, n'était pas nouvelle, car de tous temps les femmes dépourvues de charmes mammaires ont eu recours à des artifices de toilette. Ovide conseillait déjà l'emploi de ces enveloppes ingénieuses qui arrondissent la poitrine et lui prêtent ce qui lui manque.

Eustache Deschamps, huissier d'armes de Charles VI dans sa diatribe contre le sexe « vilain » le Mirouer du mariaige indique la manière de fabriquer des appas à celles qui en sont dépourvues. Sous Charles VII, les déshéritées de la nature faisaient usage de poches rembourrées, cousues à la chemise. (Dr Witkowski).

La nature et la forme des seins artificiels sont variés ; les couturières ont l'habitude de les désigner sous le nom du fabricant des « Berjingeon », ou des « ronds Brous-tons ». Les petites bourses se contentent de coussins ovalaires ou rectangulaires rembourrés, que l'on coud à l'intérieur du gousset ; ils sont reliés par une tresse qui permet de les suspendre au même clou a l'état de repos. Mais ces édredons minuscules sont bien chauds en été et les plus fortunées préfèrent les « fausses gorges », en, fils de laitons, reliés par un tissu léger en treillis et agrémentés d'une ruche décorative en guipure. Ces, postiches ont, en outre, l'avantage d'être élastiques à la pression et au toucher des amateurs, l'illusion est complète. On emploie aussi les « faux avantages » en caoutchouc plein ou creux, que l'on gonfle suivant le degré de proéminence désiré. Victor Tissot, dans Vienne et la Vie Viennoise, signale un des inconvénients de ces appas factices et conte malicieusement la mésaventure arrivée à une Viennoise qui se faisait remarquer par l'opulence de ses formes ; en épinglant une rosé à son corsage, elle creva la doublure en caoutchouc, dont le gonflement automatique remplace les charmes absents. Cet accident ne serait pas arrivé si la Viennoise eut connu l'annonce suivante: « Corsets pneu matiques, en caoutchouc creux, se gonflant à volonté, garantis increvables, même sous les plus fortes pressions ».

A l'Exposition du Travail en 1885 se trouvait dans une