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sion énergique, et la partie moyenne de chaque côte, de la quatrième à la neuvième, se trouve verticalement déplacée, tandis que l’extrémité antérieure s’infléchit sensiblement en dedans et en bas.

Les côtes flottantes n’offrent de remarquable qu’un certain degré d’atrophie ; la onzième et surtout la douzième côtes sont considérablement réduites.

Toutes ces altérations ont pour résultat de donner à la cage thoracique une forme spéciale comparée par J. Cruveilhier à celle d’un baril.

La cavité est très réduite, surtout en travers. Ainsi, la largeur qui est à peu près la même au niveau des côtes de la quatrième à la neuvième, ne dépasse pas 0 m. 17, quand sur une femme de même taille (1 m. 55), normalement conformée, Sappey a trouvé 0,235. Le rétrécissement atteint donc plus de 27 %.

La taille de cette femme de soixante-huit ans ne devait guère dépasser 0 m. 15 à 0 m. 16 d’épaisseur ; par contre, l’ampleur de ses hanches se chiffrait par 27 ou 28. Elle avait donc possédé ce genre de disproportion si recherché des élégantes de son temps, et dont le corset et les paniers étaient chargés d’exagérer encore les grâces (Brouardel, Hamy).

Les déformations produites par les corps étaient non seulement signalées depuis longtemps, ainsi que je l’ai montré, mais depuis longtemps aussi on les a discutées, et depuis longtemps on a cherché à les éviter. « Un artisan obscur, un simple tailleur de Lyon, nommé Reisser, estimé de Pouteau, qui mettait souvent son talent à contribution, osa se mesurer avec Winslow et J.-J. Rousseau, et le fit parfois avec succès. Il montra que parmi les inconvénients reprochés aux corps il en était que l’on évitait aisément en apportant plus de soin à leur construction ; que d’autres dépendaient de la manière défectueuse dont on en faisait l’application ; enfin qu’on leur attribuait à tort certains effets à la production desquels ils étaient complètement étrangers. »

Au corps, dont il était le dérivé et, en quelque sorte, le diminutif, succéda le corset qui, composé d’étoffe, d’un buse et de minces baleines, constitue le vêtement-encore en usage.

Par un singulier anachronisme, dit Bouvier, la plupart des médecins paraissant méconnaître cette transformation, continuèrent à fulminer dans leurs écrits, à l’occasion des corsets, l’anathème classique qui avait frappé les corps baleinés du dernier siècle.