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ORIENT CONTRE OCCIDENT
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anglais voyageant pour son plaisir, sir William Frogy, a été surpris par la révolte à Hyderabad, la ville musulmane par excellence, et n’a pu échapper au massacre collectif qu’après des jours d’angoisses mortelles. On revit, à travers son récit que publie la Daily Chronicle, la terrible journée du 22 août. Hyderabad, la belle cité si bien décrite par Loti, est devant nos yeux. C’est jour de grand marché. Dans les rues blanches et droites où l’ogive arabe se complique de festons, de dentelures, de rosaces, vrai décor de conte merveilleux, une foule opulente de riches marchands déploie toutes les nuances, des plus tendres aux plus vives, sur les hauts turbans fleur-de-pêcher, sur les draperies jaune d’or, sur les babouches couleur de ciel ou couleur de sang. Au fond des échoppes, d’extraordinaires tapis, des coussins somptueux voisinent avec les
Au Caire, les indigènes révoltés ont envahi les demeures européennes et en ont massacré tous les habitants. Composition de René Lelong.
belles armes incrustées de nacre, les colliers et les bracelets, les écroulements de roses et de jasmins. De lourds éléphants s’ébranlent aux coups de pieds de leurs cornacs et guettent d’un petit œil gamin les éventaires de fruits jaunes et rouges où leurs trompes adroites plongent avec gourmandise. Il y a de hauts dromadaires, l’air dédaigneux, la babine pendante, entre les pieds desquels se faufilent les femmes voilées. On s’agenouille respectueusement sur le passage des saints derviches, aux cheveux longs, couverts de cendres. Et tout cela s’agite dans des parfums de fleurs et de résines précieuses grillées sur des cassolettes, dans un tintamarre de gongs que perce le fifre aigu de ceux qui font danser les serpents au coin des places. Des soldats anglais se promènent, jouent