Page:Octave Mirbeau - Dingo - Fasquelle 1913.djvu/142

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Les épaules étroites, la poitrine rentrée, pas très pâle, pas même tremblant, maladroit et gauche seulement, il butte en descendant sur les marches. On n’en revient pas. Ça, un violenteur de petites filles ?… Ça, un meurtrier ? Ce qu’on avait rêvé grand, musclé, farouche et beau… oui beau… et terrible à vous secouer le corps de frissons… c’est ça… ce n’est que ça ?…

— Pas possible ! murmure, près de moi, Mme Irma Pouillaud… Ce vieux-là ?… allons donc !… Comment aurait-il pu ?… Oh ! vous savez, c’est très difficile de violer une petite fille… On croit ça… mais c’est très difficile.

Quelqu’un observe :

— Vous verrez qu’on le graciera encore…

— Bien sûr ! répond un autre… Du reste, si on l’exécute, ce sera encore pour Beauvais… Nous pouvons nous fouiller, nous !

Mme Amélie Tourteau soupire :

— C’est vrai, pourtant !… Je voudrais tant voir la guillotine… Tourteau l’a vue, lui, à Paris…

Il dit que c’est quelque chose…

— Oh ! vous savez, riposte Mme Irma Pouillaud… Un petit vieux comme ça… Ça ne doit faire aucun effet…

Mais Mme Tourteau s’obstine :

— Ça ne fait rien… Une fois… pour voir…

Dingo, lui aussi, a reconnu l’assassin. D’un