J’offris mon concours. Je crus pouvoir promettre au maire qu’il n’en coûterait rien à la commune. Le maire souriait malicieusement, et ce sourire, je le traduisais ainsi :
— Oui… Oui… mon garçon. Je te vois venir. Tu voudrais bien ma place…
J’allai expliquer la chose à un ministre qui était mon ami.
— C’est entendu, me dit le ministre… Mais que le maire fasse établir tout de suite un devis. Je veux savoir à quoi je m’engage…
Je rapportai, triomphalement, cette réponse au maire.
— Bon ! Bon !… fit-il en se grattant la tête d’un air soucieux… Un devis… C’est ça…
Le devis n’arrivait jamais… Chaque fois que je rencontrais le maire, je lui demandais :
— Et ce devis ? Pressez-vous… vous savez que les ministres ne sont pas éternels…
— Ça va bien !… Ça va bien… On y pense…
Cela dura un an… Le ministre tomba… Et jamais plus il ne fut question de l’eau.
Je sais seulement que le maire expliquait, par la suite, avec un air fier.
— Il voulait, cet animal-là, m’embarquer, embarquer la commune dans une sale affaire… Oui… mais je suis plus malin que lui !…