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Page:Octave Mirbeau - Dingo - Fasquelle 1913.djvu/384

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porte était ouverte. Elle venait à Dingo, lui donnait un coup de patte, faisait un bond à faible distance et recommençait jusqu’à ce qu’il eût consenti. Mais il ne jouait qu’avec mollesse, distraitement et parfois s’arrêtait brusquement, les yeux ailleurs, la tête tournée de côté, comme s’il eût cherché par-delà les murs un espace libre où jouer pour de bon, où détendre ses muscles librement, violemment.

Un jour, Miche ne réussit pas à convaincre Dingo qui se coucha devant un fauteuil, sur le flanc, les pattes allongées, tout à plat. Miche tourna autour de lui, avança son museau vers la gueule, puis le dos, puis le ventre de Dingo, comme si elle voulait se renseigner sur sa santé, comme un médecin examine un malade, comme une mère pose la main sur le front d’un enfant, pour savoir s’il a la fièvre. Puis elle sauta sur le fauteuil, s’y étendit, une de ses pattes dépassant le siège. Sa queue se déployait au ras de l’étoffe en larges mouvements indulgents et majestueux. Elle semblait lui dire :

— Mais remue-toi… Tu dors toujours… tu es toujours couché… À Ponteilles, tu étais assommant, mais tu étais bien plus gentil…

Et Dingo semblait répondre :

— Remuer… Où ça… les rues de Paris, ce n’est déjà pas si drôle… Mais je n’y vais même plus…