Page:Octave Mirbeau - Dingo - Fasquelle 1913.djvu/385

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— Tu ne t’intéresses à rien…

— Je suis enfermé…

— Eh bien, dans la maison ?…

— Quoi… dans la maison ?… Je ne peux pourtant pas m’amuser comme toi avec une bobine ou une pelote de fil… Ce n’est pas mon affaire… Il n’y a rien ici…

— Comment, il n’y a rien ?…

— Il n’y a pas de bêtes…

— Comment, il n’y a pas de bêtes ?… Mais c’en est plein… Tu n’as donc jamais pensé aux fourrures…

— Mais si… j’y ai pensé, j’y pense tout le temps… Mais c’est toujours fermé…

Dès lors, Dingo alla chaque jour flairer à la porte de la penderie où les fourrures étaient enfermées. Il faisait entendre un grognement plaintif, grattait avec ses pattes le plancher, comme s’il eût voulu creuser un trou, et plantait ses crocs dans les moulures de la porte.

Un jour, on oublia de la fermer. Dingo entra avec précaution, comme s’il eût guetté une proie vivante. Il renifla l’odeur fauve et poivrée des fourrures. Il y avait là des zibelines, des chinchillas, des visons, des renards bleus, de l’astrakan, des loutres. Il hésita. La chasse était magnifique. Mais par quoi commencer ? Enfin, il saisit une étole de zibeline, la traîne dans l’apparte-