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contre les briques d’une cheminée dont le coffre traversait le grenier. Mais les briques étaient rarement chaudes, les jours seulement où l’on avait allumé la forge.

Plusieurs fois, on l’entendit de la rue, qui criait… qui criait.

— Quoi donc qu’elle a la mère Jaulin à gueuler comme ça ?… demandait-on.

Jaulin alors expliquait, en haussant tristement les épaules :

— Ah ne m’en parlez pas… Elle déménage tout à fait, quoi !… Elle est folle… Tout à fait folle… Elle nous cause bien du tintouin, allez !… bien du tintouin… Enfin, ce n’est pas de sa faute… L’âge… n’est-ce pas ?

Et personne désormais ne fit plus attention aux cris qui venaient du grenier.

Le jour de la première communion de Clémentine, la dernière des trois filles de Jaulin, il y eut chez celui-ci force réjouissances, auxquelles exceptionnellement la grand’mère fut invitée. Elle refusa avec colère et dignité. Même elle repoussa ce jour-là toute nourriture, aggrava d’elle-même les rigueurs de sa réclusion et, comme on prie fervemment, tout ce long après-midi de bombances, elle appela sur la tête de l’enfant les plus terribles malheurs. Certes, elle détestait son fils, sa bru, tout le monde. Mais