Page:Octave Mirbeau - La 628-E8 - Fasquelle 1907.djvu/119

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

une évolution, disons, pour ne pas les vexer, d’une maladie économique, et d’y remédier. Je tâchai de lui faire comprendre que, tant que les conditions du travail ne seraient pas réorganisées sur des bases plus justes, il en serait toujours ainsi… Mais le petit grand industriel s’obstine à ne pas entendre raison.

Il proteste, s’agite, trépigne, crie :

— Non, non… Il n’y a pas d’évolution économique, pas de maladie économique… Il n’y a rien d’économique. Il y a le travail… Le travail est le travail… Qu’est-ce que le travail ?… Rien… Que doit-il être ?… Rien… Je ne connais que ce principe-là… Mais, laissez-moi donc tranquille… Non, non. Il y a vous, vous !… Vous, vous avez toujours été les propagandistes de l’esprit révolutionnaire parmi les peuples… C’est dégoûtant… Ah ! je sais bien ce que vous rêvez… je vois bien ce que vous attendez… La Belgique aux Français, hein ?

— Et vous la France aux Belges, hein ?

Le petit grand industriel me considère alors d’un œil singulièrement brillant :

— Hé !… Hé ! fait-il en claquant de la langue… Ne riez pas… Dites donc ? Dites donc ?… Avec nos bons, nos excellents amis les Allemands ?… Hé ! hé ?… Mais dites donc ?… Ah ! ah !…

Puis, il se hausse sur la pointe des pieds, atteint de la main mon épaule, où il tape, le bon Belge, de petits coups protecteurs :

— Hé ! hé !… Sapristi… dites-moi donc ?… Ce serait une fameuse chance, pour vous !…



Waterloo.


Le même jour, je suis allé visiter le champ de bataille de Waterloo. Peut-être ai-je été poussé inconsciemment