Page:Octave Mirbeau - La 628-E8 - Fasquelle 1907.djvu/345

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Je lui demandai si elle était blessée, si elle souffrait :

— Non… non… fit-elle doucement… oh ! non !… Je n’ai rien… Excusez, n’est-ce pas ?

Elle avait relevé sa jupe avec décence et découvert à l’un de ses genoux une écorchure légère. Je courus chercher, dans ma trousse de pharmacie, un peu d’eau oxygénée, avec quoi je lavai la plaie, qui saignait à peine… Elle protestait, et riait, comme si on l’eût chatouillée :

— Ce n’est rien… ce n’est rien… Tiens, mais ça pique…

Et, de plus en plus rieuse :

— C’est ce maudit cheval… répéta-t-elle… Et comme je suis fâchée de vous causer tant d’embarras !

Brossette avait ramené le cheval, le calmait par de bonnes paroles… Comme nous aidions la jeune paysanne à remonter en voiture :

— Je suis bien reconnaissante… bien reconnaissante… disait-elle.

Et avec un regard suppliant :

— Ah ! monsieur, ne parlez pas de ça… Ne le dites à personne… Parce que, si on savait, chez nous… eh bien, jamais plus, je ne pourrais aller, toute seule, à Krefeld, avec mon petit cheval…

Elle avait pris les guides :

— Là ! là !… Tu vas te tenir tranquille, maintenant… Petit imbécile !… Excusez encore… Excusez bien…

Une demi-heure après, nous franchissions le Rhin, sur l’immense pont de Dusseldorf.



Dusseldorf.


Donc, la première ville d’Allemagne où nous séjournâmes un peu, ce fut — je ne m’en vante pas — Dusseldorf.