Page:Oeuvres complètes de N. Macchiavelli, avec une notice biographique par J. A. C. Buchon.djvu/714

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poursuivre ; mais, ayant été attaquées pendant leur marche par ceux qui changeaient de position d’après l’ordre du général, elles furent aisément vaincues.

IV.

Domitien examinait les jours de naissance des sénateurs, et faisait périr ceux dont le sort était favorable, et qui étaient susceptibles de monter à l’empire. Il aurait fait mourir Nerva, son successeur, si un astrologue, son ami, ne lui eût persuadé qu’il ne courait aucun danger, attendu que Nerva, étant déjà fort âgé, ne pouvait vivre encore longtemps ; et c’est ce qui fut cause que Nerva lui succéda.

V.

Antonin-le-Pieux répondit à un délateur : « C’est en vain que vous fatiguez les empereurs de vos délations, vous ne parviendrez jamais à leur faire tuer leur successeur. »

VI.

Quelqu’un ayant accusé Licinius devant Trajan de vouloir l’assassiner, Trajan alla seul diner chez l’accusé, et le lendemain il dit devant l’accusateur : « Hier Licinius pouvait me tuer. »

VII.

Trajan, ayant donné la charge de préfet du prétoire à Licinius, lui ceignit l’épée en disant : « Je te donne cette épée pour me défendre si je suis un bon empereur, et pour me tuer si je suis un méchant. »

VIII.

On doit exercer les sujets d’un pays dans le métier des armes, depuis dix-sept ans jusqu’à trente, et les faire ensuite émérites ; car passé cet âge les hommes deviennent indociles et ne veulent plus obéir : ils croissent en méchanceté et diminuent en force.


fin des pensées diverses et du tome premier de macchiavelli.