Page:Oeuvres de Camille Desmoulins - Tome 1.djvu/165

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 159 —

Madame d’Haurefort, assez despote pour l’exiger et la prendre dans son sein, assez dévot pour n’oser la prendre avec la main et se servir de pincettes, ont dépeint son caractère. Il se bouchait les oreilles quand on lui parlait des priviléges des provinces. Il s’appelle le Juste, et il accorde la grâce de son frère, plus coupable, tandis qu’il fait décapiter Montmorency. Le sang du vertueux de Thou, et même de Concini et de sa femme intrigante, crient contre son iniquité. Il s’appelle le Juste, et il exerce les jugements par des commissaires. Il emprunte le costume de la justice pour déguiser sa tyrannie. Il a à sa suite une bande de juges, vice-despotes, et bourreaux ambulants. L’ordonnance interlocutoire de l’infâme Laubardemont, qui, pour étouffer le cri de l’indignation publique, à peine de dix mille livres d’amende, de dire que les religieuses de Loudun ne sont pas possédées du démon, est un trait unique de stupidité et de tyrannie judiciaire ; et lorsque le malheureux Grandier, les os brisés par la question, et ne pouvant proférer une parole, était porté au supplice ; que dire de ce crucifix de fer chaud qu’un moine lui appliquait aux lèvres, afin que la douleur le forçant de détourner le visage, le curé parût au peuple un sorcier et un apostat. On n’impute ici à Louis le Juste que les assassinats publics. Que serait-ce, si on le chargeait de tous les crimes