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il créa pour deux millions d’offices, et laissa plus de quatre milliards de dettes. Mais c’est son despotisme qui rend sa mémoire abominable devant les citoyens. Il ne trouvait rien de beau comme d’être le sophi ; et quel sophi fut jamais plus aosolu ? Il régit le peuple par des lettres de cachet. Il osa nous défendre, à peine des galères, de sortir du royaume, comme si nous étions ses serfs et des nègres attachés à l’habitation. Persécuteur jusqu’à la démence, ce roi jésuite commanda à ses dragons de convertir trois millions d’hérétiques. Il en fit périr près de dix mille par la roue, par la corde, par le feu, sans compter un million de fugitifs que la France perdit pour jamais. Despote jusqu’à la frénésie, il ne voulait pas que les Anglais fussent plus libres que nous ; il prétendit les forcer à reprendre un tyran. Tel fut le mépris que faisait ce sultan d’une nation alors illustrée par tant de héros et de grands personnages, que jeune, il osa venir au parlement en bottes et le fouet à la main ; et vieux, lui désigner pour maître le fruit de ses débauches. Ce fut lui surtout qui se donna le plaisir de la guerre, comme on se donne celui de la chasse, et qui toute sa vie exposa ses peuples comme on lancerait une meute. Je n’oublierai jamais que, pour prendre parti dans la guerre entre les Étoliens et les Arcaniens, les Romains firent valoir, dans leur manifeste, qu’ils étaient descendants