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se rapprocher, autant qu’il est possible, de l’égalité originelle, et amener un état de choses qui avertit sans cesse que tous sont frères, pourquoi distinguer l’épaule de l’officier de celle du soldat[1] ? Il existait un arrêté si sage

  1. Il paraît que M. de Lafayette pense différemment, d’après sa réponse à quelques gardes nationales qui lui demandaient la permission de porter l’épaulette : « Volontiers, dit-il, à condition que les officiers n’en porteront point. » On voit que M. le marquis est persuadé de la nécessite des distinctions. Il sait bien pourtant que dans le plus grand danger d’Athènes (ce nom d’Athènes commande l’attention, et en impose plus que le district de Saint-Joseph), l’armée campée à Marathon avait pour chefs dix bourgeois, dont chacun était tour à tour le commandant général de la milice athénienne. Ils commandaient chacun leur jour ; mais ils attendirent, pour livrer la bataille, le jour de Miltiade ; et toute la distinction accordée à ce grand homme fut de le placer le premier à la tête des dix, mais sans épaulettes, dans le grand tableau que fit faire la ville, en mémoire de cette journée. Miltiade s’était immortalisé en un jour ; il avait son couvert mis dans le Prytanée à la table des patriotes illustres. Mais la ville ne songea point à lui faire un traitement de cinquante talents pour tenir table. Songes creux, s’écrie un journaliste, projet d’un cerveau exalté, d’un jeune écrivain qui prend les Français pour un peuple de Solons ! Comme si Athènes n’avait pas eu son faubourg Saint-Antoine et ses dames de la halle. Il y avait cette différence que ces dames remontraient à Théophraste, et lui apprenaient à parler le grec purement. D’où vient cela ? C’est qu’à Athènes le comité de police n’empochait point les colporteurs de crier dans les rues. Laissez s’enrhumer les aboyeurs ; arrêtez la licence par des peines et non par des prohibitions, et dans six mois notre port au blé ne cédera en rien au port du Pyrée.

    Je reviens à la milice bourgeoise d’Athènes, qui ne put