Page:Oeuvres de Camille Desmoulins - Tome 1.djvu/26

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[1]naires, allaient beaucoup plus loin. Et enfin on comprend à quels excès la colère peut emporter les âmes les moins sanguinaires, quand on lit la phrase suivante dans une lettre d’une femme qu’on n’accusera pas d’avoir été cruelle, Madame Roland :

« Les écrivains patriotes devraient dénoncer nommément les membres corrompus qui, par leur hypocrisie, leurs manœuvres, trahissent le vœu, compromettent les intérêts de leurs commettants… Mais Brissot parait dormir ; Loustalot est mort, et nous avons pleuré sa perte avec amertume ; Desmoulins aurait bien sujet de reprendre sa charge de procureur général de la Lanterne 1[2]. »

  1. paître du spectacle de les voir tous subir le même sort que nous faisons subir aux crapauds dans la campagne, en les accrochant au bout d’une perche sur les ruines de la Bastille, pour les faire mourir à petit feu. » (Actes des Apôtres, n° 85.) On voit que si odieux que puisse être le passage de Camille il est loin d’être aussi révoltant. — Dans le numéro suivant, Camille rétracte son accusation contre Necker, puis retracte sa rétractation. (Necker était accusé, fort injustement, de favoriser les accapareurs.) — Camille n’avait pas mis son nom à son second pamphlet. Il semble d’ailleurs ne pas songer aux reproches que nous lui faisons ici, et que ses contemporains ne lui faisaient guère : il s’inquiète seulement de la valeur littéraire de ce nouvel opuscule, et le croit inférieur à la France libre : « L’ouvrage de la Lanterne ne vaut pas l’autre et m’aurait fait déchoir dans l’opinion, si j’y avais mis mon nom. Cependant j’en ai entendu dire du bien, et si le libraire ne me trompe pas, personne n’en dit du mal. » (Lettre à son père, p. toi, t. II.)
  2. 1 Correspondance de Madame Roland, septembre 1790.