Page:Oeuvres de Camille Desmoulins - Tome 1.djvu/27

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Maintenant oubliez le titre ; lisez le discours, et dites si vous avez jamais lu pamphlet plus vif, plus coloré, plus entraînant.

Le nom de Desmoulins était bientôt devenu populaire ; Mirabeau le caressait, et cherchait à se l'attacher : Camille, dans la première ivresse de sa gloire, était un peu étourdi, et avait grand'peine à résister au tentateur. Lui-même, dans une lettre à son père, nous apprend à quelles séductions sa nature sensuelle était exposée chez Mirabeau :


« Depuis huit jours je suis à Versailles chez Mirabeau ; nous sommes devenus de grands amis, au moins m'appelle-t-ii son cher ami. A chaque instant il me prend les mains, il me donne des coups de poing ; il va ensuite à l'Assemblée, reprend sa dignité en entrant dans le vestibule, et fait des merveilles ; après quoi il revient dîner avec une excellente compagnie et parfois sa maîtresse, et nous buvons d'excellents vins. Je sens que sa table trop délicate et trop chargée me corrompt. Ses vins de Bordeaux et son marasquin ont leur prix, que je cherche vainement à me dissimuler, et j'ai toutes les peines du monde à reprendre ensuite mon austérité républicaine et à détester les aristocrates, dont le crime est de tenir à ces excellents dîners. Je prépare des motions, et Mirabeau appelle cela m'initier aux grandes affaires. Il semble que je devrais me trouver heureux, en me rappe-