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Page:Oeuvres de Camille Desmoulins - Tome 1.djvu/410

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le siége du comité de sûreté générale, et, me prenant au collet, comme j’y entrais par hasard, prétendait que, dans le jour, la Convention ouvrit toutes les prisons, pour nous lâcher aux jambes, avec un certain nombre, il est vrai, de bons citoyens, une multitude de contre-révolutionnaires, enragés de leur détention. Enfin, il y a une troisième conspiration, qui n’est pas la moins dangereuse ; c’est celle que Marat aurait appelée la conspiration des dindons : je veux parler de ces hommes qui, avec les intentions du monde les meilleures, étrangers à toutes les idées politiques, et, si je puis m’exprimer ainsi, scélérats de bêtise et d’orgueil, parce qu’ils sont de tel comité, ou qu’ils occupent telle place éminente, souffrent à peine qu’on leur parle ; montagnards d’industrie, comme les appelle si bien d’Églantine, tout au moins montagnards de recrues, de la troisième ou quatrième réquisition, et dont la morgue ose traiter de mauvais citoyens des vétérans blanchis dans les armées de la République, s’ils ne fléchissent pas le genou devant leur opinion, et dont l’ignorance patriote nous fait encore plus de mal que l’habileté contre-révolutionnaire des Lafayette et des Dumouriez. Voilà les trois écueils dont les Jacobins éclairés voient que leur route est semée sans interruption : mais ceux qui ont posé la première pierre de la République doivent être déterminés à élever jus-