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aujourd’hui que la Convention vient de rejeter sur les intrigants, les patriotes tarés et les ultra-révolutionnaires en moustaches et en bonnet rouge, l’immense poids de terreur qui pesait sur elle ; aujourd’hui qu’elle a repris, sur son piédestal, l’attitude qui lui convenait dans la religion du peuple, et que le comité de salut public veut un gouvernement provisoire, respecté et assez fort pour contenir également les modérés et les exagérés, laissons aussi végéter au coin de leur feu, au moins ces paisibles casaniers qui n’étaient pas républicains sous Louis XV et même sous Louis XVI et les états-généraux, mais qui, dès le 14 juillet, et au premier coup de fusil, ont jeté leurs armes et l’écusson des lis, et ont demandé en grâce à la nation de leur laisser faire leurs quatre repas par jour. Laissez-les, comme Vespasien, suivre aujourd’hui le char du triomphateur, en s’égosillant à crier : Vive la République !

Que de bénédictions s’élèveraient alors de toutes parts ! Je pense bien différemment de ceux qui vous disent qu’il faut laisser la terreur à l’ordre du jour. Je suis certain, au contraire, que la liberté serait consolidée, et l’Europe vaincue, si vous aviez un comité de clémence. C’est ce comité qui finirait la Révolution ; car la clémence est aussi une mesure révolutionnaire, et la plus efficace de toutes, quand elle est distribuée avec sagesse. Que les