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lorsqu’il se trompe, mais lorsque son opinion ayant été condamnée par la Convention et le Concile, il ne laisserait pas d’y persister, et se ferait un hérésiarque. Ainsi par exemple, dans mon numéro IV, quoique la note, et la parenthèse ouverte aussitôt, montre que c’est un comité de justice que je voulais dire, lorsque j’ai dit un comité de clémence ; puisque ce mot nouveau a fait le scandale des patriotes ; puisque, jacobins, cordeliers et toute la Montagne l’ont censuré, et que mes amis, Fréron et A. Ricord fils, n’ont pu s’empêcher eux-mêmes de m’écrire de Marseille que j’avais péché ; je deviendrais coupable, si je ne me hâtais de supprimer moi-même mon comité, et d’en dire ma coulpe, ce que je fais avec une contrition parfaite.

D’ailleurs, Fréron et Ricord parlent bien à leur aise. On sent que la clémence serait hors de saison au port de la Montagne, et dans tel pays d’où j’entendais dénoncer, l’autre jour, au comité de sûreté générale, que la nouvelle de la prise de Toulon y avait été reçue comme une calamité, et que, huit jours avant, la plupart avaient déjà mis bas la cocarde. Certes, si là j’avais été envoyé commissaire de la Convention, et moi aussi j’aurais été un André Dumont et un Laplanche. Mais les lois révolutionnaires, comme toutes les lois en général, sont des remèdes nécessairement subordonnés au climat et au tempérament du