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heure et demie, il est impossible que la société, même à l’ouverture de la séance, m’eût rayé, pour avoir professé, dans le Vieux Cordelier, le même corps de doctrine qu’elle a applaudi tant de fois dans mes Révolutions de Brabant, et pour lequel elle m’avait nommé procureur général de la Lanterne, quatre ans avant que ma charge fût passée au Père Duchesne. On voit que ce qu’on appelle aujourd’hui dans mes feuilles, du modérantisme, est mon vieux système d’utopie. On voit que tout mon tort est d’être resté à ma hauteur du 12 juillet 1789, et de n’avoir pas grandi d’un pouce non plus qu’Adam ; tout mon tort est d’avoir conservé les vieilles erreurs de la France libre, de la Lanterne, des Révolutions de Brabant, de la Tribune des Patriotes, et de ne pouvoir renoncer aux charmes de ma République de Cocagne.

Je suis obligé de renvoyer à un autre jour la suite de mon Credo politique, ne voulant plus souffrir qu’on vende encore vingt sous un de mes numéros, comme il est arrivé de mon cinquième, ce qui a donné lieu aux calomnies. Vous savez bien, citoyen Desenne, que loin de vendre mon journal à la République, je ne le vends pas même à mon libraire, de peur qu’on ne dise que je suis un marchand de patriotisme, et que je ne dois pas faire sonner si haut mes écrits révolutionnaires, puisque c’est mon commerce. Mais, à votre tour,