Page:Oeuvres de Louis Racine, T1, 1808.djvu/182

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Il veut que l’univers ne soit qu’un seul empire.
A ce même dessein dès longtemps Rome aspire ;
Mais un état si vaste, en proie aux factions,
Est le règne du trouble, et des divisions.
Il veut que sur la terre aux mêmes lois soumise,
Un paisible commerce en tous lieux favorise
De ses ordres nouveaux les ministres divins.
Ils pourront les porter par de libres chemins,
Si l’univers n’a plus pour maître qu’un seul homme.
Il l’a voulu ce Dieu : la liberté de Rome
Ranimant ses soldats par César abattus,
Du dernier coup frappée, expire avec Brutus.
Dans ses hardis vaisseaux une reine ose encore
Rassembler follement les peuples de l’aurore.
Elle fuit l’insensée : avec elle tout fuit,
Et son indigne amant honteusement la suit.
Jusqu’à Rome bientôt par Auguste traînées
Toutes les nations à son char enchaînées,
L’Arabe, le Gelon, le brûlant Africain,
Et l’habitant glacé du Nord le plus lointain,
Vont orner du vainqueur la marche triomphante.
Le Parthe s’en alarme, et d’une main tremblante
Rapporte les drapeaux à Crassus arrachés.
Dans leurs Alpes en vain les Rhètes sont cachés :
La foudre les atteint, tout subit l’esclavage.
L’Araxe mugissant sous un pont qui l’outrage,
De son antique orgueil reçoit le châtiment,
Et l’Euphrate soumis coule plus mollement.
Paisible souverain des mers et de la terre,
Auguste ferme enfin le temple de la guerre.