Page:Oeuvres de Louis Racine, T1, 1808.djvu/183

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Il est fermé ce temple, où par cent nœuds d’airain
La discorde attachée, et déplorant en vain
Tant de complots détruits, tant de fureurs trompées,
Frémit sur un amas de lances et d’épées.
Aux champs déshonorés par de si longs combats
La main du laboureur rend leurs premiers appas.
Le marchand loin du port, autrefois son asile,
Fait voler ses vaisseaux sur une mer tranquille.
Les poètes surpris d’un spectacle si beau
Sont saisis à l’instant d’un transport tout nouveau.
Ils annoncent que Rome après tant de miracles
Va voir le temps heureux prédit par ses oracles.
Un siècle, disent-ils, recommence son cours,
Qui doit de l’âge d’or nous ramener les jours.
Déjà descend du ciel une race nouvelle ;
La terre va reprendre une face plus belle ;
Tout y deviendra pur, et ses premiers forfaits,
S’il en reste, seront effacés pour jamais.
Tant de prédictions qui frappent les oreilles,
Font d’un grand changement espérer les merveilles.
Vers l’orient alors chacun tourne les yeux :
C’est de-là qu’on attend ce roi victorieux,
Qui sortant des climats où le jour prend naissance,
Doit soumettre la terre à son obéissance.
Jérusalem s’éveille à des bruits si flatteurs :
L’héritier de Jacob en cherche les auteurs.
Des prophètes sacrés parcourant les volumes,
Sans peine il reconnaît le siècle, dont leurs plumes
Ont décrit tant de fois les jours délicieux.
Il est venu ce temps, l’espoir de nos aïeux,