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CHANT CINQUIÈME.

entièrement ; et des hauteurs de Branksome on n’entendait plus que le murmure des ondes du Teviot, la voix de la sentinelle qui donnait le mot d’ordre quand on venait la relever de sa garde, et les coups pesans de la hache et du marteau, qui partaient de l’épaisseur du bois ; car plus d’une main y travaillait à préparer des pieux et des palissades, pour former le champ clos du combat du lendemain.

x.

Marguerite quitta bientôt la salle, malgré le coup d’œil de reproche que lui lança sa mère ; et elle ne remarqua pas, en s’éloignant, les soupirs qui s’échappaient en secret du sein de maint guerrier, car plus d’un noble défenseur, plus d’un allié valeureux, aurait voulu intéresser le cœur de la fleur charmante du Teviot. Le cœur agité, l’esprit inquiet, elle ne goûta qu’un sommeil interrompu dans son appartement solitaire, et plus d’une fois elle se leva de sa couche entourée de rideaux de soie. Tandis que ses nobles hôtes reposaient encore, elle vit paraître l’aube du jour. De tous ceux qui goûtaient le repos dans Branksome, la beauté la plus aimable et la plus parfaite fut celle qui s’éveilla la première.

xi.

Elle jeta un regard sur la cour intérieure que les murs élevés de la tour enveloppaient encore de leur ombre ; dans cette cour, qui la veille avait retenti du bruit des armes et des hennissemens des coursiers, règne le plus profond silence. Mais quel est ce guerrier d’une taille imposante, et armé d’éperons brillans, qui s’avance soudain ?… Il lève sa tête couronnée d’un panache. — Sainte Marie ! est-ce bien lui ? Il marche dans le château ennemi de Branksome sans plus de crainte que s’il était dans le domaine d’Ousenam ! Marguerite n’ose proférer une parole, elle n’ose faire un geste….. Si un seul page se réveille… une mort prompte l’attend. Toutes les perles de la reine Marie, les larmes plus précieuses encore de Mar-