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PRÉFACE DU TRADUCTEUR

je présente aujourd’hui au public français la Religion du Véda du même auteur, et il y a longtemps déjà que cette entreprise m’eût tenté, si je n’avais eu des raisons de m’y croire devancé. L’équivalent d’un pareil livre, où l’information n’offusque point l’agrément, n’existe, en effet, ni en France, ni même nulle part. La Religion Védique d’Abel Bergaigne est un prodigieux répertoire de textes et de faits, si détaillé, si scrupuleux que le Rig-Véda presque tout entier — 10000 stances ! — y a passé au crible ; mais il n’a été écrit que pour les seuls védisants, et encore comme ouvrage de consultation courante beaucoup plus que de lecture. Quant aux ouvrages de vulgarisation, ils ne laissent filtrer quelque jour dans la forêt vierge du védisme qu’au prix d’un impitoyable élagage. M. Oldenberg nous laisse l’impression de ce chaos ; mais il sait l’ordonner.

Sans empiéter sur son œuvre, je crois utile de préciser ici en peu de mots la nature de la documentation sur laquelle elle repose. Ce que c’est que le Véda, les spécialistes qui l’ont feuilleté dans le texte sont seuls à le savoir exactement ; mais il n’est pas indispensable de lire le sanscrit pour s’en faire une idée plus approchée que n’en laissent généralement entrevoir les articles destinés au grand public.

Le mot vēda signifie tout uniment « science ». Il désigne la seule science qui importe aux yeux des brahmanes, — disons mieux, — la science unique ; car leur théologie embrasse tout le faisceau des connaissances humaines de leur temps. Ce Véda, transmis d’abord par voie de tradition orale, puis écrit à dater de l’époque incertaine où l’Inde reçut du dehors le