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dès les premiers temps de l’établissement de ces peuples. Ce n’est en effet qu’environ l’an 209 avant Jésus-Christ que l’on commence à trouver d’amples détails sur cette histoire et à pouvoir donner une suite chronologique des princes Hiong-nou, qui portoient le titre de tanjou ou tchen-you. Mais il paraît en même temps que ce n’est qu’à cette époque que nous devons fixer le commencement de la puissance des Huns. Ils portèrent alors la guerre dans les provinces orientales et soumirent les Tartares qui habitoient au nord de la Corée. Ils tournèrent ensuite du côté de l’Occident, où ils étendirent leurs conquêtes jusqu’aux environs de la mer Caspienne et dans la Sibérie.

« Teou-man-tanjou est le premier empereur connu. Il mourut l’an 209 avant Jésus-Christ. En remontant de cette époque jusqu’à Tchun-goei, prince de la famille impériale de Hia (première dynastie, 1766 ans avant notre ère), qui se retira alors en Tartarie, où il fonda l’empire des Huns, on compte environ 1000 ans. Ainsi c’est aux environs de l’an 1200 avant Jésus-Christ que nous devons placer le commencement de l’empire des Huns[1]. »

Les textes dont je viens de donner connaissance ont été écrits à des époques fort distantes les unes des autres et dans des conditions de complète indépendance réciproque. Hiouen-thsang, ou plus justement ses disciples ont écrit ses Mémoires dans la première moitié du septième siècle (648) de notre ère. Hiouen-thsang était Chinois. La Chronique des rois du Kachmir, œuvre de Kalhana, date de la moitié du douzième siècle (1148) de notre ère, Kalhana était Kachmiri. Enfin l’Histoire générale des Huns, par de Guignes, relève de la moitié du dix-huitième siècle.

Rien n’indique que Kalhana ait connu les Mémoires de Hiouen-thsang, et de Guignes, qui, de temps à autre, cite Ma-touan-lin, qu’il nomme Ma-touon-lin, ne parle ni de Hiouen-thsang ni de Kalhana.

C’est, je crois pouvoir l’affirmer, pour la première fois que

  1. De Guignes, Histoire générale des Huns, t. I, liv. v, p. 215-216.