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tchi (des Gètes) à l’ouest de la province chinoise de Chen-si et que conséquemment ces Youei-tchi (ces Gètes) ont eu leur berceau, ainsi que les Daldis, dans la contrée aujourd’hui connue sous la dénomination de Mongolie.

Et nous aurons ainsi acquis la certitude que Gètes-Massagètes et Dardis ou Daldis sont congénères et doivent être compris aujourd’hui sous la dénomination commune et moderne de Mongols.

Cette étude, que je suis heureux d’avoir faite avec vous, va avoir pour nous une application circonstancielle immédiate.

Nous avons à parler de la polyandrie, elle nous y aidera.

VII

La polyandrie n’est pas, en effet, comme le pourrait faire croire sa coexistence avec le bouddhisme au Tibet, une pratique d’institution moderne. Les femmes massagètes étaient polyandres longtemps avant l’éclosion de l’ère moderne, et je vais les montrer pratiquant la polyandrie dans sa simplicité primitive et pour le plus grand avantage de la communauté massagète[1].

Dans l’antiquité, comme aujourd’hui, les peuples vivaient par le travail. Connaître l’industrie spéciale à un peuple, c’est presque connaître son histoire et ses mœurs.

  1. Ma-touan-lin dit à ce propos, 1o à l’adresse des Gètes : « La coutume est que les frères épousent en commun une même femme. Si un mari n’a pas de frères, sa femme porte sur sa tête un bonnet qui n’a qu’une seule corne (aigrette). S’il a des frères, leur bonnet s’accroît en proportion de leur nombre » ; 2o à l’adresse des Ta-Youei-tchi ou Massagètes habitant le Turkestan : « Ils suivent le culte de Fo (Bouddha). Comme il y a chez eux beaucoup plus d’hommes que de femmes, les frères épousent en commun une seule femme, et quand celle-ci a cinq maris, elle porte un bonnet à cinq cornes ; si elle en a dix, son bonnet est surmonté de dix cornes. Quand un homme n’a pas de frères, il s’associe avec d’autres hommes et c’est alors seulement qu’il peut se marier ; autrement il resterait célibataire jusqu’à la fin de ses jours. Les enfants qui naissent dans ces unions appartiennent à l’aîné des frères.

    Abel Rémusat, Nouveaux Mélanges asiatiques, t. II, p. 240 et 245.